Les barrages, leurs retenues et leur gestion
Les castors sont de très bons ingénieurs !
Les barrages sont construits avec des branches et de la vase. Celle-ci sert à imperméabiliser la structure. Néanmoins, guère sots, les castors n'imperméabilisent jamais complètement leurs barrages, et ils prévoient souvent un trop-plein le long d’une des berges.
Pour éviter que les barrages ne soient emportés par le courant, les castors enfichent de solides branches dans le lit du cours d'eau, parallèlement aux berges. Pour être sûr que vous êtes devant des barrages de castors et pas devant des embâcles, vérifiez la présence des branches qui les soutiennent et de la boue.
Pourquoi des barrages ?
Tous les barrages sont construits de la même façon. Mais ils n'ont pas tous le même rôle.
- Les barrages "de gîte" maintiennent un niveau d’eau suffisant pour cacher l’entrée du gîte.
- Les barrages "de circulation" permettent de se déplacer à la nage pour se nourrir, travailler et surveiller le territoire.
Les barrages de gîte sont toujours réparés rapidement. Les autres sont entretenus suivant la saison et leur emplacement. En cas de sécheresse prolongée ou d’atteintes répétées aux barrages, le castor va renforcer ceux-ci et peut-être en ajouter d’autres pour conserver un maximum d’eau.
Avant de décider quoi que ce soit pour la gestion d'un barrage, les conseillers du groupe de travail cherchent toujours à comprendre sa fonction dans l'ensemble mis en place par les castors.
Gérer les barrages
Confrontés à un barrage, de nombreux riverains commencent par l'enlever, d'ailleurs sans toujours avoir l'autorisation du DNF. Rapidement, ils réalisent que c'est inutile : les castors reconstruisent à l'infini les barrages qu'on leur détruit.
Les barrages sont protégés, autant que les castors eux-mêmes. Une dérogation du DNF pour l'enlèvement d'un barrage peut s'obtenir dans certaines conditions, mais comme les castors vont sans doute reconstruire sans tarder, il faudra répéter cet enlèvement encore et encore, au point que, très souvent, les humains se décourageront plus rapidement de l'enlèvement que les castors de la reconstruction : l'enlèvement n'est une solution qu'à condition d'empêcher la reconstruction, ce qui n'est ni simple ni garanti de succès.
Le GT castors est là pour vous conseiller dans le choix de solutions susceptibles de bien aider dans les conditions particulières qui sont les vôtres.
Quelques exemples de gestions
Enlever complètement un barrage, c’est lourd, surtout si on doit renouveler régulièrement l’opération. Alors, si les castors s’entêtent à reconstruire, on peut faire plus simple.
Une méthode simple consiste en l’ouverture du trop-plein que les ingénieurs-castors incluent souvent au barrage, le long d’une des berges. Fait surtout de boue, celui-ci peut être ouvert sur une certaine hauteur, assurant un passage pour l’eau que les occupants des lieux vont assurément réparer mais qui sera facile à rouvrir de quelques coups de bottes.
L’autre approche, c’est l’écrêtage : on diminue la hauteur du barrage sans en affaiblir la structure. Une dérogation peut être obtenue du DNF quand cela se justifie, pour un écrêtage de maximum 40cm qui ne fragilise pas le barrage.
Avec ces deux techniques, limiter notre intervention peut parfois permettre d’atteindre un point d’équilibre satisfaisant pour les deux parties et donc d’espacer nos interventions. Bien sûr, cela ne dispensera pas de maintenir un minimum de surveillance.
Certaines communes trouvent qu'investir dans un caillebotis est une dépense exagérée. Il faut néanmoins admettre qu'il s'agit d'une solution de cohabitation efficace et qui s'amortira pendant de longues années. En effet, si le site est intéressant pour les castors, leur occupation s'étendra sur de longues périodes, parfois avec de courtes interruptions, mais sans doute bien au-delà de la durée de vie des occupants actuels.
Ce dispositif bien connu des fans de castors permet de réguler l'inondation en installant une sorte de pertuis dans le barrage. Mais il ne fonctionne pas sur tous les cours d'eau et il faut savoir plusieurs choses à son propos :
- Il n'est efficace que sur les cours d'eau suffisamment profonds pour que les castors ne l'utilisent pas comme support pour un nouveau barrage.
- De même, sur un cours d'eau au débit important, compter sur un ou quelques tuyaux pour faire s’écouler suffisamment d'eau n’est pas réaliste.
- Le tuyau doit être placé de manière telle que le castor n'entende pas l'eau s'écouler.
- Le risque est réel que les castors réagissent en ajoutant un barrage un peu en aval de celui qu'on veut réguler.
- Son installation correcte nécessite le support de quelqu'un qui s'y connaît, par exemple un conseiller du GT Castors.
- Une dérogation du DNF est nécessaire.